Les chants présentés ci-dessous sont propres à nos villages de Cappella et s’inscrivent comme tant d’autres dans la tradition chrétienne de la Corse.
Déjà disparus des pratiques religieuses depuis plus d’un demi-siècle, ils auraient définitivement disparu de la surface de la terre sans un collectage effectué par les membres de la canturìa auprès de ceux de nos anciens ayant hérité d’une tradition familiale de chant sacré, notamment les Pietrucci d’u Silvarecciu.
Nous ne les remercierons jamais assez, et plus particulièrement Mimi Gambotti. Leur générosité et leur enthousiasme ont permis ce miraculeux sauvetage ...
Déjà disparus des pratiques religieuses depuis plus d’un demi-siècle, ils auraient définitivement disparu de la surface de la terre sans un collectage effectué par les membres de la canturìa auprès de ceux de nos anciens ayant hérité d’une tradition familiale de chant sacré, notamment les Pietrucci d’u Silvarecciu.
Nous ne les remercierons jamais assez, et plus particulièrement Mimi Gambotti. Leur générosité et leur enthousiasme ont permis ce miraculeux sauvetage ...
U cumunu di a Messa
01. Kyrie Eleïson, Anghjulusantu Pietrucci
02. Kyrie Eleïson, Mimi Gambotti
03. Kyrie Eleison
04. Gloria in excelsis Deo, Mimi Gambotti
05. Gloria in excelsis Deo
06. Sanctus
07. Agnus Dei
- Kyrie Eleison et Gloria in excelis Deo ont été recueillis à u Silvarecciu, à partir de 2010 auprès de Mimi Gambotti et Pierre Pietrucci, fille et fils d’Anghjulusantu Pietrucci, dernier chantre, improvisateur et paghjellaghju de Silvarecciu, né en 1897 à a Casalta. Kyrie Eleison est le chant de messe dont le souvenir s’est maintenu le mieux, et figurait également sur certains enregistrements d’époque d’Anghjulusantu.
On peut observer une similitude entre notre Kyrie Eleison et certains autres venant de régions proches, qui débutent tous par cette montée de la mélodie en trois paliers (tonale, seconde, tierce majeure) : a Porta d’Ampugnani (messa paisana), Moita-Zalana-Pianellu (messa di i vivi), Pedicorti di Caghju (messa di i vivi), S. Maria Poghju (messa di i morti), Rusiu (messa di i morti). Il présente par ailleurs une grande similitude avec celui de Tagliu, notamment de par ses second et troisième couplets.
Quant à Gloria in excelsis Deo, on peut dire qu’il est identique d’un point de vue mélodique à ceux de Tagliu, Sorbu et a Venzulasca. - Sanctus et Agnus Dei ont été recueillis en 2011 auprès de Charles Pietrucci (aujourd’hui décédé), lui aussi fils d’Anghjulusantu et menuisier à u Silvarecciu. A partir des éléments mélodiques transmis, il nous a fallu restaurer la mélodie du Sanctus en la rapprochant de celle recueillie auprès de Benoît Luigi à u Sorbu ainsi que celle de la version connue d’a Venzulasca.
Pour l’Agnus Dei, nous avons du faire le même travail de restauration, nous aidant de la mélodie du madrigale Era ’n un campo de Tagliu, dont la troublante ressemblance avec notre Agnus Dei nous fait dire qu’un lien de parenté n’est pas exclu.
L’introiti
01. Sant’Anna, 26 di lugliu
02. San Roccu, 16 d’aostu
03. Sant’Austinu, 28 d’aostu
04. Natività di a Beata Vergine Maria, 8 di settembre
05. Natale, 24 dicembre à sera
06. San Brancà, 12 di maghju
La base choisie pour la mélodie de l’antienne a été celle de notre Agnus Dei. Pour le psaume et la doxologie Gloria Patri et Filio, nous avons conservé la mélodie psalmodique bien connue, dérivant du premier mode grégorien, et pratiquée dans l’ensemble de la zone nord-centre-Corse.
I canti di Pasqua
01. Perdono mio Dio, Ghjovi Santu 2016
02. Stabat Mater, Venneri Santu 2016
- Perdono mio Dio est un des seuls chants sacrés dont l’usage ne se soit pas perdu au cours du temps. Il a réussi à conserver une petite place au cours des processions du Jeudi et Vendredi Saints, cédant toutefois largement du terrain aux cantiques français introduits au début du XXème siècle, comme Au sang qu’un Dieu va répandre, ou Vive Jésus, vive sa Croix, ou encore Peuple infidèle.
On a ici une image nette de cette époque ou la génération des derniers confrères comme Anghjulusantu Pietrucci fut la dernière à porter ces chants anciens, le clergé ayant la puissante volonté de les remplacer par une liturgie nouvelle et francophone, formant l’ensemble des jeunes filles catéchisées en redoutables et durables chorales qui opèrent encore aujourd’hui, avec la sincère et louable conviction de défendre la tradition ... - Stabat Mater, lui aussi largement présent lors des cérémonies de la Semaine Sainte, n’eut malheureusement pas la même capacité de survie et fut remplacé. Il nous a été restitué par Mimi Gambotti.
01. Introitu è Stazioni I à IV (Mimi Gambotti)
02. Introitu. « L’Orme sanguigne »
03. Prima stazione. « Cor mio crudele »
04. Stazione X. « Angeli, voi »
05. Stazione XI. « Ver me ti volgi »
06. Stazione XII. « Il sol si oscura »
07. Stazione XIII. « Deh, Madre pia »
08. Stazione XIV. « Dal tuo sepolcro »
Les chants de la Via Crucis, introduits en Corse en 1744 par San Leonardo da Porto Maurizio lui-même en même temps qu’il érigeât les très nombreux Chemins de Croix au sein de nos églises, nous ont été transmis par Mimi Gambotti, dans leur version propre à notre région.
Les passages 02 à 08 sont enregistrées en situation, après que nous ayons reconstitué la cérémonie pour la première fois le 29 mars 2014 à u Silvarecciu.
Pour en savoir plus sur San Leonardo et la Corse, suivez donc ce lien.
La consultation de l’Inventaire et Coutumier de 1905 pour la paroisse d’u Pianu (archives diocésaines) nous apprend que lors de nos processions du Jeudi Saint et Vendredi Saint, la confrérie visiteuse chantait quelques strophes des Via Crucis de l’abbé Metastasio, datant du 18ème siècle, ou quelques versets du Miserere au moment de la station auprès du reposoir visité. Malheureusement nous n’avons aucune trace mélodique de ces chants dans notre région.
Les passages 02 à 08 sont enregistrées en situation, après que nous ayons reconstitué la cérémonie pour la première fois le 29 mars 2014 à u Silvarecciu.
Pour en savoir plus sur San Leonardo et la Corse, suivez donc ce lien.
La consultation de l’Inventaire et Coutumier de 1905 pour la paroisse d’u Pianu (archives diocésaines) nous apprend que lors de nos processions du Jeudi Saint et Vendredi Saint, la confrérie visiteuse chantait quelques strophes des Via Crucis de l’abbé Metastasio, datant du 18ème siècle, ou quelques versets du Miserere au moment de la station auprès du reposoir visité. Malheureusement nous n’avons aucune trace mélodique de ces chants dans notre région.
L’inni, e lode
01. O Salutaris Hostia
02. Te Deum laudamus
03. Dio vi salvi Regina
- O salutaris Hostia figure sur les enregistrements effectués le 15 décembre 1961 à u Silvarecciu par Félix Quilici. Il est alors interprété par Ghjacumusantu Casanova.
- Te Deum laudamus nous a été transmis par Mimi Gambotti.
In pulifunia
Il va sans dire : Enregistrements mis à part, tous ces chants ayant été chantés par la génération d’hommes étant les parents des personnes ayant grosso modo 80 ans aujourd’hui, ils nous sont donc parvenus en monodie, par la bouche de ceux qui, parmi ces derniers, en gardaient des souvenirs les plus vifs.
Nous avons ensuite donné à tous ces chants une mouture polyphonique, en utilisant ce que nous connaissons de cette tradition. Une polyphonie est en effet relatée dans nos villages par les personnes collectées, fouillant dans leur mémoire, même s’ils la considèrent différente de celle chantée aujourd’hui par nous-mêmes. Elle est de toute façon attestée par des témoignages sonores venant de notre région (notamment une basse sur Perdono mio Dio, une terza sur Libera me, enregistrés en 1961 à u Silvarecciu par Félix Quilici) ainsi que de tant d’autres lieux très proches et limitrophes des nôtres (Casinca avec u Sorbu, a Venzulasca, Tavagna avec Tagliu, Ampugnani avec San Damianu, Casàcconi avec Campile), sans différer fondamentalement de celle chantée de nos jours.
C’est pourquoi il nous a semblé très naturel d’harmoniser tout ce patrimoine sacré dans le mode polyphonique traditionnel, tel qu’on le pratique aujourd’hui, sans aucunement avoir le sentiment de le dénaturer ni de le travestir. Par ailleurs ces mélodies appartiennent typiquement au corpus de chants sacrés connu dans cet ensemble nord-est-Corse déjà évoqué, et généralement chanté en polyphonie à trois voix (soit Casinca, Tavagna, Casàcconi, Boziu, Rogna, Serra, Balagna, Ascu, et d’autres encore).
Per dumane
Si nous avons réinventé quelque chose, ce ne fut nullement ex-nihilo mais à partir d’un matériau aussi vaste qu’il nous a été possible de le recevoir, et en le replaçant dans un contexte plus large, su et respecté.
A part à considérer que ce qui n’existe plus n’a jamais existé, pour quel motif devrions nous considérer que ce patrimoine est indigne d’être réhabilité, restauré, alimenté, comblant ainsi au mieux l’espace vide créé par cette rupture de transmission large de trois générations ? Et combien, en d’autres lieux et d’autres temps, auront-ils fait la même chose sans que quiconque aujourd’hui n’en ait plus connaissance, qualifiant ainsi ce qui nous est donné de voir et d’entendre de « traditionnel » ?
Si nous n’avons pas eu la chance d’assister à une pratique encore vivante en nos lieux, nous avons toute confiance en celle que nous réinstallons en tant que Canturìa di Cappella di Pieve d’Ampugnani, et qui lentement s’affinera en un savoir-faire transmis oralement dans nos villages, pour peu que ceux-ci se maintiennent d’un point de vue social et humain, faisant naître ce qu’un jour peut être on appellera u versu di Cappella.
Depuis Bandol, nous vous remercions de conserver et de continuer à faire vivre la mémoire de nos aïeux.
RépondreSupprimerÀ ringrazià à voi o Mimì, chì ci avete permessu di rimettela in ballu ! Basgiu.
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