À l’iniziu

Un ghjornu di Sant’Austinu


28 aout 2008 au matin. Sur sa crête la petite chapelle Sant’Austinu de Silvarecciu a une fois de plus réuni les fidèles. La messe est chantée en polyphonie, on a trouvé une équipe d’amis dans la région. S’en suit la courte procession autour de la chapelle. Puis pour invoquer la protection de la Sainte Vierge retentit Dio vi salvi Regina.

Une nouvelle fois, depuis des temps immémoriaux, les petites communautés de Cappella et de la proche Casinca se sont réunies pour témoigner de leur appartenance à cette condition humaine et villageoise, appréhendant ensemble dans la même solidarité, la même foi et le même espoir les mille vicissitudes de la vie sur cette terre. Les moments de réjouissance, aussi. Pour les anciens, ce n’était pas un jour comme les autres, ils se mettaient sur leur trente-et-un.

On peut être satisfait, le miracle a eu lieu une fois de plus. On passe au comptoir, tant attendu, pour étancher cette soif de convivialité, retenue depuis le matin. On boit, on goûte au plaisir des premières paghjelle qui se mettent en place, on plaisante, on discute.

Pourquoi ne pas chanter notre messe nous-même, au lieu de faire venir une équipe tous les ans ? On est suffisamment nombreux, tous sur place, chanteurs de paghjella, de chanson corse ... On n’a plus qu’à apprendre la messe. A ci femu ?


Hè nata a Canturìa !


L’équipe est née, tous ami d’enfance, cousin ou gendre, avec la plus noble des motivations, celle d’accompagner dans la joie ou la souffrance les gens que l’on considère comme les siens, celle qui naît du sentiment d’être redevable de quelque chose venant de ces lieux et de ces gens. Celle de vouloir être acteur chez soi.

Comme ailleurs, on emprunte au répertoire commun. En un an, on a appris la messe « des vivants », l’année suivante, celle des défunts. Le pari est gagné. Les plus aguerris apprennent aux autres. En plus de la gratification de cette nouvelle fonction assumée, il y a le partage, et la joie de vivre ensemble des moments forts.

Au village, les anciens sont pris de curiosité, ils se souviennent, ils témoignent. Et par la bouche des plus généreux d’entre eux, nous découvrons avec stupéfaction qu’ici aussi a eu cours un répertoire de chant sacré, dont une partie, couvrant notamment le commun de la Messe et la Semaine Sainte, demeure intacte dans les mémoires.

Bien sûr il faut désormais le tirer de l’oubli, nous le réapproprier afin de le rendre à ceux à qui il appartient, nos parents, nos proches, nos villageois, Cappella toute entière. Élément patrimonial d’une valeur inestimable à la fois de la Chrétienté et de notre micro région, nous le voulons également élément de vie communautaire de notre temps, moteur, pourquoi pas, d’un lien social et humain qui doit persister à tout prix en nos lieux. Élément qui, nous l’espérons, se perpétuera après nous par d’autres, conscients qu’ils seront d’être comme nous des maillons de la chaîne.

Car, bien plus qu’un simple groupe animé par le seul plaisir de chanter, nous sommes chantres ou cantori, au sens exact de ce terme qui siècle après siècle a parcouru toutes les civilisations basées sur la fonction humaine et sociale du chant. Simu una canturìa, quella di Cappella.

Ce site est le prolongement de cette expérience, dépassant largement le cadre du chant, y mêlant recueils de mémoire locale, faits historiques et instants de vie partagés.

Si n’hà da parlà ancu in Cappella !  







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