In li tempi per u Luni di Penticosti, a cumunità di Cappella attippava in prucessiò per ’sse strade di Sant’Anghjuli. Ghjunti à u locu dettu Croce di Serra si fecia una preghera in gir’à quella croce, poi un’altra in Bocc’à a chjesa, è po infine à a croce in cima.
Arricurdemu ci di u fervore di l’antichi, mettendu ancu noi i nostri passi ind’è i soi. Per Penticosti, tutti in Sant’Anghjuli !
Fréquentes étaient les manifestations de la foi vécue en commun par les habitants de Cappella tout le long de l’année. Celle-ci ne demeure plus que dans la mémoire des plus anciens d’entre nous :
Tous les ans au matin du lundi de Pentecôte, les communautés de a Casalta, u Pianu et u Silvarecciu se réunissaient pour effectuer ensemble une longue procession qui les menait jusqu’au sommet du mont Sant’Anghjuli.
Tous les ans au matin du lundi de Pentecôte, les communautés de a Casalta, u Pianu et u Silvarecciu se réunissaient pour effectuer ensemble une longue procession qui les menait jusqu’au sommet du mont Sant’Anghjuli.
Le départ se faisait tôt le matin, en ordre de procession de l’église San Bastianu di u Silvarecciu avec croix et bannière. Comme pour toutes les processions, les hommes étaient vêtus des traditionnelles aubes blanches, i càmisgi.
On sortait par le haut du village en empruntant le chemin passant par l’Aghja à e petre, pour traverser la châtaigneraie, pendant que ceux resté en bas faisaient retentir les cloches. Le premier arrêt s’effectuait à Croce di Serra, où l’on se recueillait et où l’on changeait les fleurs fanées qui avaient été liées autour de la petite croix lors d’un précédent passage. On brandissait la bannière de la confrérie, u gunfalone, un énorme étendard tendu sur un mât haut de six mètres environ et surmonté d’une grande croix, afin qu’elle soit visible du village d’u Silvarecciu, puis de Monte. Alors c’étaient les cloches de Monte qui retentissaient.
Puis on reprenait la route en longeant u Mont’à baullu et l’on s’arrêtait ensuite à Bocc’à a Chjesa, à l’édifice en ruine dont la tradition orale dit qu’elle fût une église.
Enfin, la communauté effectuait la dernière ascension jusqu’au sommet. Là-haut, on se séchait auprès d’un grand feu que certains, partis avant les autres, avaient allumé. Après ce temps de repos, on se réunissait pour se recueillir par des prières et quelques chants sur les derniers blocs rocheux, autour de la croix en fer, a croce in cima. Puis on s’installait au pied des rochers pour partager tout ce qui avait été monté à dos de mulets, jusqu’à l’heure du retour en procession. Plusieurs baraques étaient construites, i banchetti.
Vers 1 heure de l’après-midi, on redescendait alors en direction de Sant’Austinu, en marquant un arrêt à u Monte longu, près des débris de l’avion écrasé sur le flanc de la montagne lors de la Seconde Guerre Mondiale. Après avoir refleuri la croix érigée en mémoire des victimes, on y chantait un extrait d’e sequie et du Libera me.
À Sant’Austinu, une foule nombreuse attendait le retour de la procession à u Cumpegnu, et l’accompagnait jusqu’à la chapelle. Puis on y pénétrait pour y entendre une messe et faire retentir un Te Deum, puis l’on repartait, toujours en procession, pour arriver enfin à San Bastianu.
Souvenons-nous de cette incroyable démonstration de foi dont étaient capables nos anciens, et de cette grande intimité qu’ils avaient avec leurs lieux, même situés aux limites extrêmes de leurs territoires.